QUE PENSER DE L'ANNONCE D'UNE PRIME DE TRAVAIL DE XAVIER BERTRAND ?

Rappelons le contenu de cette annonce
 
Xavier Bertrand a donc annoncé récemment que tout salarié et tout indépendant ne pourrait pas toucher moins de 1 500 euros nets de revenus mensuels à la fin de l'année 2022 si il est élu.
 
Cette mesure, au delà de ce plancher, amènerait toutes les personnes ayant une rémunération nette inférieure à 2 000 euros par mois à bénéficier de cette prime de travail.
 
Le versement de cette prime serait effectué par les entreprises et remboursé à l'équivalent par l'Etat.
 
Les conséquences de cette mesure
 
Cette proposition reprend en fait le principe de la prime d'activité actuellement en vigueur, mais l'élargit sensiblement à un nombre de bénéficiaires important (50% des salariés et les travailleurs indépendants) et en augmente l'assiette de calcul. 
 
Ainsi le coût global de cette mesure serait supérieur de 5 milliards d'euros au coût actuel de la prime d'activité pour atteindre 15 milliards d'euros.
 
Lorsque la question du financement de cette mesure est posée, la réponse fournie est qu'il sera obtenu par des économies sur le budget de l'Etat.
 
Passons maintenant à l'analyse critique de cette proposition.
 
De toute  évidence cette proposition de Xavier Bertrand s'inscrit dans le cadre d'une réponse à la question de l'inflation et du pouvoir d'achat qui agite les syndicats et plus largement semble polariser l'attention des Français.
 
Elle amène les plus bas revenus au niveau fatidique des 1 500 euros nets mensuels réclamé depuis plusieurs années par les organisations syndicales;
 
Elle est donc de toute évidence une réponse purement électoraliste à partir de laquelle Xavier Bertrand  espère grimper dans les sondages qui, pour le moment, ne le qualifient pas au second tour si il est choisi comme candidat représentant Les Républicains;
 
Maintenant, en analysant plus précisément les caractéristiques de la mesure les points suivants doivent être mis en évidence.
 
1 - La question du sens donné aux diverses composantes de la rémunération;
 
Dans les entreprises le salaire de base correspond aux compétences acquises par la formation et l'expérience et à la nature du poste occupé.
 
L'échelle des salaires minimum de base est établie dans chaque convention collective et marque ainsi les jalons d'une progression de carrière dans le cadre d'une classification progressive des emplois.
 
Quant aux primes, elles ont des objets différents selon leur nature. Par exemple il y a la prime d'ancienneté qui rétribue la fidélité d'un salarié dans le cadre de certaines conventions collectives, la prime d'équipe qui récompense l'atteinte de certains objectifs par un groupe de salariés.
 
On pourrait multiplier à volonté la nomenclature des primes tant elles sont variées. 
 
La prime de travail, telle que proposée par Xavier Bertrand, est en fait un correctif pour améliorer le pouvoir d'achat des salariés du secteur privé, mais qui finalement va venir compresser les échelles de revenu net de 1 500 à 2 000 euros mensuels pour 50% d'entre eux.
 
Ainsi, l'échelle des salaires de base qui va d'un SMIC à 1 258 euros nets à 2 000 euros nets, traduisant des différences de responsabilité et de technicité dans les emplois, se trouverait annihilée.
 
Quel serait alors l'intérêt d'avoir un niveau Bac + 2  ou même de manager une équipe, si c'est au final pour avoir quasiment ie même revenu qu'un collaborateur ou un collègue bien moins qualifié !!!
 
2 - Les effets sur les cotisations patronales    
 
Si le salaire de base cotise à toutes les caisses, au niveau des cotisations patronales, les primes, elles, ne cotisent pas au chômage ni aux caisses de retraite par exemple pour beaucoup d'entre elles.
 
Ainsi, la prime de travail proposée par Xavier Bertrand ne devrait pas cotiser à la caisse gérant les arrêts de travail ou les arrêts maladie, ce qui serait une bonne chose, car alors la rémunération du salarié ne serait garantie que sur le salaire de base, et la perte de la prime de travail, en cas de maladie, pourrait s'avérer assez dissuasive, mais aussi entraîner un risque que des salariés ne se soignent pas quand ils en ont réellement besoin;
 
Nous voyons déjà ce phénomène avec des salariés qui ne vont pas au bout de leur arrêt maladie.
 
3 - L'application aux indépendants
 
La prime de travail n'est pas très claire dans son application aux indépendants.
 
En effet, les revenus tirés de leur activité par cette catégorie de personnes, ne sont pas aussi réguliers que pour les salariés car ils dépendent du chiffre d'affaires généré.
 
Ainsi, il serait possible qu'un mois donné l'indépendant puisse bénéficier de la prime de travail et le mois suivant ne plus être dans l'assiette de son versement.
 
Une mesure qui n'est pas explicite ne mérite pas d'être considérée avec sérieux !.
 
4 - Le financement de cette mesure
 
Nous avons vu plus haut que le financement pourrait être assuré par des gains sur les dépenses de l'Etat.
 
Cette formule bien évasive a été effectuée de nombreuses fois depuis des années, et force est de constater que jamais de telles économies ont été faites. 
 
L'endettement de l'Etat n'a fait que progresser régulièrement et les réductions du nombre de fonctionnaires annpncées avec force n' ont jamais réellement été effectuées.
 
Avec la pandémie, notre endettement à la fin de l'année va avoisiner 2 800 milliards d'euros, ce qui est du jamais vu, et nous ne savons pas comment les 250 milliards que nous a coûté la pandémie seront remboursés.
 
Pour terminer sur ce point, il faut aussi préciser que l'Etat a aussi besoin de financer des secteurs dans lesquels nous sommes terriblement en retard, comme par exemple la justice ou la police pour ne citer que ces exemples.
 
Alors, promettre des économies relève soit de l'inconscience soit de la démagogie ! 
 
AVEC L'ANNONCE DE XAVIER BERTRAND NOUS NOUS TROUVONS DONC, COMME TOUJOURS,, AVEC LES POLITICIENS VISANT A ËTRE ELUS, DANS BRICOLAGE DE MESURES A FINS ELECTORALES, QUI NE REPOND PAS AUX DEFIS AUXQUELS NOUS SOMMES CONFRONTES.
 
Mon essai portant sur le Revenu Universel apporte,lui, des réponses à ces défis dans le cadre d'une vision et de programmes d'actions qui devraient nous amener à sortir de notre système socio-économique et financier qui est arrivé au bout de sa logique et dans lequel nous sommes englués.
 
La lecture de cet essai intitulé "Manuel Pratique du Revenu Universel" montre comment il est possible d'améliorer fortement le niveau de vie des Français tout en réduisant la pauvreté et la précarité.
 
Il montre aussi que l'on peut garder une échelle des rémunérations convenable dans les entreprises tout en permettant à celles-ci d'améliorer sensiblement leur rentabilité.
 
Il montre enfin que l'Etat, sans impôts supplémentaires, peut retrouver des marges financières pour se désendetter et investir plus fortement dans des domaines importants pour l'avenir de notre Société.
 
 


Eric Wuithier, le 28 octobre 2021

Conception et réalisation ASKORAD 2021